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Oswald Mosley, né le 16 novembre 1896 et décédé le 3 décembre 1980, fut un homme politique britannique, fondateur du British Union of Fascists.
Jeunesse et Première Guerre mondiale
Oswald Mosley, fils aîné de Sir Oswald Mosley, 5
e Baronet of Ancoats (1874–1928), est né le
16 novembre 1896, dans une famille de la
Gentry britannique du
Staffordshire. Il est cadet à l’école militaire de Sandhurst lorsqu’en
1914 la Première Guerre mondiale débute. Il est alors envoyé en
Irlande avec son régiment, le 16th Lancers. À la faveur d’une permission il rejoint les forces aériennes (
Royal Flying Corps). Il est alors envoyé en
France où il participe à plusieurs missions d’observation au dessus des lignes allemandes. Il est ensuite envoyé à Shoreham pour s’entraîner au
Pilotage. En mai
1915, juste après avoir obtenu son brevet de pilote, un accident lors d’un atterrissage lui brise une jambe. Alors que sa jambe n’est pas encore tout à fait remise, et pour pallier la pénurie d’
officiers à la suite des lourdes pertes des premiers mois de guerre, Oswald Mosley est rappelé dans son régiment qui se battait alors dans les tranchées françaises. Au bout de quelques mois on finit par se rendre compte de son handicap et il fut renvoyé au Royaume-Uni pour y être opéré. Sa jambe fut sauvée mais resta plus courte que l’autre de deux « pouces ». Il dut porter toute sa vie une chaussure orthopédique pour limiter sa claudication. D’octobre 1916 jusqu’à la fin de la guerre il travailla dans un bureau au Ministère des Affaires étrangères.
Ses débuts en politique
En
1918, il se présenta aux élections législatives et fut élu
Député sous l'étiquette conservateur. Agé de seulement 22 ans il était le plus jeune membre de la Chambre des communes. En
1920, il épousa Cynthia Curzon dont le père avait été Vice-roi des Indes et ministre des Affaires étrangères d'un gouvernement conservateur. Défendant la cause des
anciens combattants et des
ouvriers d'usine, Mosley fut rapidement déçu par les conservateurs. Il les quitta pour rejoindre le Parti travailliste qu'il représenta alors au parlement, il fut aussi fait chancelier du duché de
Lancaster par le premier ministre travailliste
Ramsay MacDonald et entra dans le cabinet ministériel de celui-ci.
Le 23 janvier 1930, alors que le Royaume-Uni comptait 2,5 millions de chômeurs subsistant dans des conditions difficiles, Oswald Mosley présenta à Mac Donald le Mosley memorandum. Celui-ci réclamait un programme de cinq ans pour protéger l'industrie nationale de la concurrence des pays à bas salaires, la modernisation de l'Industrie textile britannique (celle-ci avait été quasiment abandonnée et « délocalisée » en Inde), le contrôle des banques afin qu'elles soient obligées de financer les entreprises britanniques, d'importants travaux publics, l'arrêt des investissements britanniques à l'étranger et, enfin, une augmentation des indemnités de chômage et un abaissement de l'âge de la retraite. Ce programme fut présenté au congrès du Parti travailliste de 1930 qui le rejeta de quelques voix (1046 voix pour, 1251 contre), tout en donnant à son auteur une standing ovation et en le réélisant au Comité exécutif national du parti. En réaction à cela, Mosley démissionna du gouvernement et porta l'affaire devant le peuple. Il quitta également le Parti Travailliste et fonda, avec d'anciens membres du Parti souvent issus de son aile gauche, le New Party le 28 février 1931 et appela à un nouveau gouvernement "capable d'agir". Lors de la première participation à une élection, l'élection partielle d'Ashton-under-Lyne (dans l'agglomération de Manchester), et malgré une organisation encore faible, le candidat du Parti Nouveau recueillit 16% des voix. Mais en divisant ainsi l'électorat travailliste il permit surtout l'élection d'un député Conservateur à la Chambre des Communes.
Le Parti nouveau se dota le 16 juin du journal Action (premier tirage : 160 000 exemplaires) et présenta 24 candidats aux élections générales du 21 octobre 1931. À l'exception de deux députés, dont Oswald lui-même, ils furent tous battus.
Le virage fasciste
Cet échec marqua fortement Mosley et ses partisans. Tandis que les politiciens traditionnels quittaient le Parti nouveau, le laissant aux mains de jeunes et d'idéalistes, Mosley s'envolait le
18 janvier 1932 pour Rome, où il était reçu par
Benito Mussolini. Entrevue importante, puisque le
1er octobre 1932, Mosley fonda l'Union des fascistes britanniques (British union of fascists/BUF) qui se dota rapidement de tout le décorum de l'époque : un siège (La maison noire), un hebdomadaire (
La semaine fasciste puis
La chemise noire, puis de nouveau
Action), un service d'ordre militarisé (Les
Chemises noires), et même de clubs de
Football. En
1934, le mouvement compte déjà 40.000 adhérents. Il fut le premier parti britannique à adopter un programme
keynésien.
Le BUF se lança en même temps, malgré les violences qui l'opposaient à des commandos du Parti communiste de Grande-Bretagne, dans une campagne de grands meetings à travers le Royaume-Uni (Mosley prenait en moyenne la parole dans 200 réunions par an). On estime que son meeting d'Earl court en 1939 fut le plus grand meeting en salle jamais organisé au Royaume-Uni. Les résultats ne furent pas négligeables et aux élections municipales de l'agglomération de Londres, le 6 mars 1937, les listes du BUF obtinrent 23% pour les meilleures et 14% pour les moins bonnes.
Dans le même temps, Mosley épouse, à la mort de sa femme en 1936, Diana Mitford, fille d'un lord qui était depuis 1932 sa maitresse. Ils se marient en Allemagne, chez Joseph Goebbels, Hitler félicitant au passage ses amis de cette union. Diana ne cessera ensuite de partager le sort de son mari, tout au long de la guerre.
La Seconde Guerre mondiale
L'approche de la guerre, voit Mosley et ses partisans devenir de farouches
pacifistes et se lancer avec toute leur force dans une campagne pour la
Paix. Cela, même après la déclaration de guerre. En
Janvier 1940, une brochure pacifiste du BUF
The British peace: how to get it est diffusé à 100.000 exemplaires, et le 27 du même mois
Winston Churchill est chahuté par la foule à
Manchester aux cris de « Vive Mosley !, vive la paix ! ». En
Février 1940, le BUF tient 41 meetings pour la paix, il en tient encore 100 en avril, et le 5 mai pas moins de 22 meetings ont lieu le même jour. Mais presque aussitôt Mosley et 80 cadres du Buf sont emprisonnés -ils ne seront jamais jugés et resteront détenus pendant 4 ans sans qu'aucune inculpation ne leur soit formulée-, en juin le Buf tient encore 5 meetings pour la paix ce qui entraîne une nouvelle vague d'arrestation (au total 1300 pacifistes seront emprisonnés dont 735 membres du BUF).
Son idée pour la « Grande Europe »
Après la Seconde Guerre mondiale, Oswald Mosley fit sa réapparition avec la publication du livre
The alternative qui jeta les bases du Mouvement de l'union (
Union Movement) fondé le
8 février 1948. Le journal
Action reparut et le nouveau mouvement participa aux élections avec des résultats plutôt faibles (mais jamais inférieur à 6 %), mais avec quelques pointes à 33 % en 1953 à Moorfields et à 20 % en 1968 à Bethnal Green. Idéologiquement, Mosley se fit alors l'apôtre de la « Grande Europe » (il publia les journaux
The National European et
The European, et son seul livre publié en français porte comme titre
La nation Europe), ce qui l'amena à travailler d'abord avec Francis Parker Yockey (le fondateur du premier Front européen de libération), puis avec
Jean Thiriart avec lequel il fonda en mars 1962 le Parti national européen.
Mosley mourut près de Paris le 3 décembre 1980, à l'âge de 84 ans. Marié avec Diana Mitford, il fut le père de deux enfants, dont Max Mosley.
Héritage
L'Union movement et le journal action lui survécurent quelques temps sous la direction de Jeffrey Hamm. Actuellement les partisans d'Oswald Mosley sont regroupés dans les Friends of Oswald Mosley. Aucun des groupes nationalistes actuellement actifs au
Royaume-Uni n'a de filiation directe avec Mosley, tous sont en effet issus -a travers scissions et regroupements- de la Ligue des loyalistes de l'Empire, elle même fondée par des scissionnistes du Buf en 1939. Scissionnistes dirigés par Arthur K Chesterton qui avaient refusés de suivre la ligne pacifiste du parti et s'étaient déclarés en faveur de l'entrée en guerre du Royaume-Uni.
Annexe
Articles connexes
Bibliographie
- Jan Dalley, Un Fascisme anglais, 1932-1940, L'aventure politique de Diana et Oswald Mosley, Paris, Ed. Autrement, 2001.
- Anne de Courcy, Diana Mosley, née Mitford, éd. Le Rocher, 2006.
- Roger Griffin, The Nature of Fascism, Routledge, 1993.
- Roger Griffin, Fascism, Oxford University Press, 1995, ISBN 9780192892492.
- Richard Griffiths, Fellow Travellers of the Right : British Enthusiasts for Nazi Germany 1933-39. Oxford University Press, 1989.
- Richard Thurlow, Fascism in Britain : From Oswald Mosley's Blackshirts to the National Front, The Journal of Modern History, Vol. 72, Nr. 3 8/2000.
Liens externes